Notes de chevet

Choses charmantes

A travers la cloison m’arrive le bruit faible d’une voix qui n’est sûrement pas celle d’une servante. En voici justement une qui répond d’une voie juvénile, et semble s’approcher avec un bruissement d’étoffes. Peut-être est-il temps qu’elle serve le repas.

J’entends résonner les baguettes et la cuiller qui s’entrechoquent ; ou bien le bruit que fait en retombant l’anse du vase où l’on met le sake[1] vient frapper mon oreille.

Avec de jolis vêtements d’étoffe foulée, des cheveux qui, sans être en désordre, se répandent sur les épaules.

Le soir, dans une salle superbement ornée, on n’a pas apporté la lampe de la chambre ; mais un feu ardent brûle dans le brasier rectangulaire ; sa clarté fait luire les cordons de l’écran, et briller distinctement les crochets qui servent à maintenir relevé le store à tête.

Il est charmant de voir apparaître, éclairé par le feu qu’on ranime parmi les fines cendres, dans un élégant brasier, un dessin habilement fait.

Ou encore de voir très distinctement les baguettes qui servent à remuer le feu, mises en croix l’une sur l’autre.

Très tard dans la nuit, après que tout le monde s’est endormi, quelques courtisans continuent cependant à causer dehors, et l’on entend, dans la pièce du fond, le bruit répété des pierres que les joueurs de go remettent dans leur bol[2]. C’est délicieux.

Une lumière allumée sur la véranda.

J’entends du bruit à travers la cloison ; c’est un homme qui est venu voir en secret une des dames, ils m’ont réveillée au milieu de la nuit. J’écoute ; mais je ne puis distinguer leurs paroles ; le galant rit tout bas, et je me demande, amusée, ce que les deux amis peuvent bien se dire.

[1] Dans la traduction originale de André Beaujard : vin de riz

[2] idem : le bruit répété des pions que les joueurs de dames remettent dans leur boîte.

D'après la traduction d'André Beaujard (92)

枕草

こころにくきもの

 

 

物へだてて聞くに、女房とは覺えぬ聲の、忍びやかに聞えたるに、答わかやかにして、うちそよめきて參るけはひ、物まゐる程にや、筋飯匙などのとりまぜて鳴りたる、提の柄のたふれ伏すも、耳こそとどまれ。打ちたる衣の鮮かなるに、騒しうはあらで、髮のふりやられたる。

 

 

いみじうしつらひたる所の、おほとなぶらは參らで、長炭櫃に、いと多く おこしたる火の光に、御几帳の紐のいとつややかに見え、御簾の帽額のあげたる、鈎のきはやかなるもけざやかに見ゆ。

 

 

よく調じたる火桶の、灰清げにおこしたる火に、よく書きたる繪の見えたる、をかし。はしのいときはやかにすぢかひたるもをかし。

 

 

夜いたう更けて、人の皆寢ぬる後に、外のかたにて、殿上人など物いふに、奧に、碁石笥にいる音のあまた聞えたる、いと心にくし。

 

 

簀子に火ともしたる。

 

 

物へだてて聞くに、人の忍ぶるが、夜半などうち驚きて、いふ事は聞えず、男も忍びやかに笑ひたるこそ、何事ならんとをかしけれ。  

 

Chapitre [201]du Texte complet en Japonais : University of Virginia Library, Japanese text initiative

 

 

 

 

 

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