Le traité de Weiqi en treize chapitres

Connu sous le nom de Qijing Shisan pian, ce traité est un des plus anciens écrit sur le Go. Il serait l'auteur d'un certain Zhang Ni même s'il est parfois indiqué que c'est une erreur et que l'auteur serait  Zhang Jing. Il a été écrit entre 1049 et 1054, durant le règne de l'empereur Renzong des Song du Nord, pendant la période Huangyou.

Ce traité fait partie du recueil Wangyou Qingle Ji (Livre des passe-temps innocents) 忘憂清樂集 publié sous la dynastie Song vers 1100.

Il fait également partie du plus fameux livre ancien sur le go qui s'appelle Xuan Xuan Qijing 玄玄棋經 (Gen Gen Go Kyô en japonais) qui a été publié vers 1349 par Yan Defu et Yan Tianzhang

 

棋經十三篇

論局篇第一

夫 萬物之數,從一而起。局之路,三百六十有一。一者,生數之主,據其極而運四方也。三百六十,以象周天之數。分而為四,以象四時。隅各九十路,以象其日。外 周七二路,以象其候。枯棋三百六十,白黑相半,以法陰陽。局之線道,謂之枰。線道之間,謂之罫。局方而靜,棋圓而動。自古及今,弈者無同局。《傳》曰日日新。故宜用意深而存慮精,以求其勝負之由,則至其所未至矣。

Le classique du weiqi en 13 chapitres

 Chapitre 1 Sur le plateau de jeu

Le nombre de toutes choses dans la nature commence par Un. Les points sur le plateau sont au nombre de trois cent soixante et un. Le un est le premier des nombres et occupe le Tengen, point central du plateau formés de 360 points autour duquel tournent les quatre quarts ;  cela représente le nombre de jours dans une année. Il est divisé en quatre quadrants qui représentent les quatre saisons. Chaque quadrant a 90 points et représente leurs jours. Le bord a 72 points qui représentent les semaines. Il y a 360 pions de go en bois, équitablement répartis en  blanc et  noir, symbolisant le yin et le yang.

Les lignes sur le plateau sont appelées ping. Les espaces entre les lignes sont appelés guai. Le plateau, étant carré, est statique. Les pions, étant ronds, représentent la dynamique. Depuis les temps anciens jusqu’à nos jours, il n'y a jamais eu la même partie de go. On dit que «chaque jour, il devrait y avoir des changements».

Par conséquent, il faut planifier en profondeur et réfléchir avec précision, et rechercher ainsi les causes de la victoire ou  de la défaite. On atteindra alors ce qui était jusqu'ici inaccessible.

碁経十三篇

第一編 論局

凡 そ萬物の数は一をもって始まる。盤面には三百六十一路の目があり、一なる数の根源は,その極に存する天元より発し、四方を割する。三百六十と言う数は天が 年に一回転する日数を表し、四隅に分けたというのは四季を表している。外周の合計が七十二路あるのは、一年を七十二の気候に分けたのと同じで、三百六十箇 の碁石が白黒半分ずつであるのは陰と陽を表わしたものである。

碁盤の線は(へい)と言い、線と線の間を(けい)と言う。盤は四角で静かなるものであり、碁石は円くて動を表してしている。古来より今日に至るまでの局面で同じ碁が打たれたと言う事はない。それこそ日々新たな局面が展開されている。

そうした事柄を心得た上で、大局に際しては用意周到にして注意深く考え、勝敗の原因を研究するならば、今まで分からなかった手段等がよく理解出来る様になり、上達への道が開かれてくる。これが碁の基本的な心得というものである。

 



得算篇第二

棋者,以正合其勢,以權製其敵。故計定於內而勢成於外。戰未合而算勝者,得算多也。算不勝者,得算少也。戰已合而不知勝負者,無算也。兵法曰﹕多算勝,少算不勝,而況於無算乎?由此觀之,勝負見矣。


Chapitre 2 : Sur la nécessité de planifier

Au go on s'adapte à la situation par des moyens simples et on contrôle ensuite l'adversaire par de la flexibilité tactique. Par conséquent, les délibérations sont réglées intérieurement et les dispositions réalisées extérieurement.

Si, avant la bataille, une personne s'attend à la victoire, c'est qu'elle a fait de nombreux plans. Si une personne s'attend à ne pas gagner, c'est parce qu'elle a fait peu de plans. Si une personne ne sait pas si elle gagnera ou perdra une fois la bataille engagée, c'est qu'elle n'a fait aucun plan. Dans l’Art de la guerre, il est dit: «Celui qui a de nombreux plans gagnera. Celui qui a peu de plans perdra, et ce sera encore pire s’il n’en a pas du tout. Des observations sur cette base permettent de prédire la victoire ou la défaite. »


第二編得算

次に碁は充分な計画の基本に正しく布陣する事によって優勢を占める様心掛け,権謀策略を存分に用いて相手を制する事が肝心である。心の内で充分計画をってこそ、良い成果をめるものである。

戦いが始まらぬ内に大勢を制するものは正しい計算に長けているからで、充分に計画したはずなのに勝ちを得られなかったのは、考えが足りなかったからである。戦い合っているのに、どっちが勝っているのかも分からないのは、初めから計画も何もなかったからである。兵法に(にち)く、計略きものは勝ち、少なきものは勝たず、と。それなのに初めから計画も何もないものに勝利などあるはずがない。これで分かるように、無謀無策では勝負に勝つ事など覚速かない事が知れよう。これが心得の第二である。


權輿篇第三

權輿者弈棋布置務守綱格。先於四隅分定勢子,然後拆二斜飛,下勢子一等。立二可以拆三,立三可以拆四,與勢子相望可以拆五。近不必比,遠不必乖。此皆古人之論,後學之規,舍此改作,未之或知。

詩曰靡不有初,鮮克有終。

 


Classique du go – Chapitre 3 : Du commencement

La base du jeu au go est le déploiement initial: il faut observer les patterns et les formes. Tout d'abord, pour démarrer, quatre pierres sont placées aux quatre coins. Plus tard, on s’étend de deux espaces avec un grand saut de cavalier. Ensuite, jouez les pierres au début de la même manière. Si l'on a deux pierres verticales, on peut s’étendre de trois espaces; si on a trois pierres verticales, on peut s’étendre de quatre espaces. Avec une pierre de départ en face, on peut s’étendre de cinq espaces. Il n'est pas bon d'être trop près, mais il est mauvais d'être trop loin. Tout cela est ce que les anciens ont expliqué et que ceux qui ont étudié le jeu plus tard ont pris comme modèle. On ne pourra peut-être jamais savoir si cela peut être abandonné et si des modifications peuvent être apportées. Dans le Canon des poèmes[1] est écrit: «Si vous n'avez pas une forme de base solide, vous n'obtiendrez pas de bons résultats.».


第三編 權輿

何事にも無事には骨格とか規範というものがある。碁ではそれは初めに置かれる置石の配置であり、(さだ)ま りとして守らなければいけない。先ず黒を右上隅と左下隅の星に、白を左上隅と右下隅の星に、それぞれ四隅に配置する。そこから二間に開くか、桂馬に打つ か、とも角、三線に打つ。又、石が縦に二つ並んでいる時は三間に、三つ並べば四間に開き、一方に勢力があれば五間に開くのが形である。近過ぎるのも良くな いが、遠過ぎるのは悪い、というのが古来から言われている事で、後々の
規範とされている。この規範を破ろうとして試みたものがあるが一つとして成功していない。詩経にもある様に、しっかりと基本の形を身に付けていない事には結局良い結果は生まれないものである。




[1] Le Shi jing 詩経, ou Canon des Poèmes, est le plus ancien recueil connu de poèmes de la littérature chinoise. Confucius, qui en serait le compilateur, le cite souvent dans les Entretiens, initiant en cela une longue tradition de commentaires et de références obligées aux Classiques dans les discussions des lettrés. Ces quelques 300 chansons traditionnelles émanent principalement de la paysannerie du bassin du Fleuve Jaune et datent de la dynastie des Zhou (1027-771 av. J.-C.) ou de la Période dite des Printemps et des Automnes (770-476 av. J.-C.).

 

Référence :

1) John Fairbairn : traduction en Anglais dans l'ouvrage "Gateway to all marvels" 玄玄棋經  publié en 1347

2) Collection d'écrits sur la façon d'oublier problèmes et soucis et de savourer la vie Wang you qing le ji 忘憂清樂集 Li Yimin vers 1100 Bibliothèque numérique mondiale

3) Traduction en anglais de la traduction en italien dans Annali di Ca' Foscari Serie Orientale  - XXXV, 3, 1996 page 375 à 398 Paolo ZANON  ( Journal du département d'études orientales de l'université Ca' Foscari  de Venise)

Retour Go

Dernière modification le 13/03/2021