Aoi

Les cheveux de Murasaki attribué à Tawaraya Sôtatsu
Fragment d'un paravent monté sur un panneua, couleurs et or sur papier
Epoque d'Edo XVIIe siècle Musée Idemitsu, Tôkyô



La fête de Kamo a lieu après la purification. Avant de s'y rendre, le Genji passe voir sa petite protégée, dont il suit les progrès et la croissance avec émotion. Il lui inculque les bonnes manières, la perfectionne dans les meilleurs arts, forme son caractère, l'initie au bon goût : à l'instar de Pygmalion, il crée une femme parfaite. Et quand il s'agit de lui couer les ceveux, c'est encore lui qui s'en charge, comme s'il était le seul à pouvoir la toucher. La jeune Murasaki est montée sur un plateau de go, selon une tradition iconographique ancienne à l'origine incertaine et bien que rien dans le texte ne le laisse supposer.
Tawaraya Sôtatsu, l'auteur présumé de cette peinture, aime les visages de poupées et les immenses chevelure fournies et moirées qui tombent en cascade sur le dos des dames d'honneur. Le noir saturé est obtenu avec de la laque, qui a d'ailleurs légérement craquelé. Les visages sont d'une grande douceur, en particulier celui de la femme vue de face. On reconnait égalementle style de ce  peintre aux contours ombreux et indécis des nuages qui font contraste avec la netteté des autres parties de l'image.



 


Les mauves


Ce jour-là, pour les éviter l’une et l’autre, il s’était réfugié à la résidence de la Deuxième Avenue, et c’est de là qu’il se proposait de partir pour aller voir la Fête de Kamo. Il passa dans l’aile occidentale et donna à Koremitsu ses ordres pour qu’on lui préparât son char.
- Eh bien, les dames d’honneur sont-elles prêtes ?
dit-il, souriant de voir la demoiselle si belle en ses atours. Or ça, Madame ! Allons ensemble voir la Fête ! ajouta-t-il, et caressant ses cheveux qui lui paraissaient plus doux encore qu’à l’ordinaire : il y a longtemps qu’on ne vous les aura coupés ! Ce jour d’hui est propice, je gage !
Il dit et fit mander un maître astrologue qu’il consulta sur le caractère faste de l’heure :
- Les dames d’honneur d’abord ! dit-il, charmé par l’air plaisant des fillettes.
Leur chevelure souple, soigneusement taillée de telle sorte que l’extrémité en retombait jusque sur la jupe de damas à dessins, avait des reflets moirés.
- Les cheveux de ma Dame, je les taillerai moimême, dit-il. Quelle abondance ! Jusqu’où pousseront-ils donc ? reprit-il, soucieux de bien les égaliser. Même celles qui les ont très longs, les portent, paraît-il, plus courts sur le front. S’il n’en retombait un petit peu, ce serait par trop sévère. Sa besogne terminée, il formula le souhait des « milles brasses », que Shônagon entendit avec émotion et reconnaissance.

Aoi

けふは、二条院に離れおはして、祭見に出で給。西の対に渡り給て、惟光に車の事仰せたり。「女房、出で立つや」との給て、姫君のいとうつくしげにつくろいいたてておはするを、うち笑みて見たてまつり給。「君は、いざたまへ。もろともに見むよ」とて、御髪
の常よりもきよらに見ゆるをかき撫で給て、「久しう削ぎ給はざめるを、けふはよき日ならむかし」とて、暦の博士召して時問はせなどし給ほどに、「まず、女 房出でね」とて、童の姿どものおかしげなるを御覧ず。いとらうたげなる髪どもの裾はなやかに削ぎわたして、浮紋の表の袴にかかれるほど、けざやかに見ゆ。 「君の御髪は、われ削がむ」とて、「うたて、所せうもあるかな。いかに生ひやらむとすらむ」と削ぎわづらひ給。「いと長き人も、ひたい髪はすこしみじかう ぞあめるを。むげにをくれたる筋のなきや、あまりなさけなからむ」とて削ぎはてて、「千尋」と祝ひきこえ給を、少納言、あはれにかたじけなしと見たてまつ る。

Tosa school Edo period 1700 British Museum Helen-Craig-McCullough-1994
Tosa school Edo period 1700 British Museum Helen-Craig-McCullough-1994

Livre neuvième

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