Jacques Roubaud

 © Gallimard, 1967

 Né en 1932, Jacques Roubaud est un compositeur de poésie qui fut également mathématicien. Il entre à l'OULIPO en 1966 sur proposition de Raymond Queneau. Il manifeste depuis un intérêt pour l'écriture.

Avec ses amis Pérec et Lusson, il découvre le Go à la fin des années 60. Curieusement, il publiera le premier, en 1967 un ouvrage bien étrange sous le titre de qui représente le symbole mathématique de la théorie des ensembles "Appartient à" et qui est le premier livre en langue française qui se rapporte au Go.

On pourra retrouver un entretient de Jacques Roubaud par un joueur de go Stéphane Dugowson en Mars 2014 où celui-ci revient sur la période où il est devenu joueur de go.

 

 

Extrait : Les 4 modes de lecture

Ce livre se compose, en principe, de 361 textes, qui sont les 180 pions blancs et les 181 pions noirs d'un jeu de go...

Selon le premier mode de lecture, des groupements de pions, d'importance inégale, peuvent être isolés : si on se reporte par exemple, à la page 51, sous le titre "forêt" sont assemblés treize textes, dont l'organisation est symboliquement représentée par un diagramme, placé immédiatement en dessous du titre. Ce diagramme indique une position des pions sur la table de jeu. Cette disposition peut être une figure de go (Cf. notamment page 64)...

La deuxième lecture est celle qui détermine la répartition en paragraphe du présent livre. Chaque paragraphe a pour titre un signe mathématique, pris dans un sens non mathématique dérivé ...

Le troisième mode de lecture suit le déroulement d'une partie de go, reproduite à l'Appendice. Cette partie n'est pas achevée : de manière précise, nous proposons une image poétique ( nous ne cherchons pas à formaliser cette notion) des 157 premiers coup d'une partie disputée entre Masami Shinohara 8e Dan et Mitsuo Takei 2e kyu et analysée dans le numéro d'Avril 1965 de la Go Review publiée par l'association japonaise du go, la Nihon-Kiin.

On peut enfin, sans tenir compte de ce qui précède, se contenter de lire ou d'observer isolément chaque texte. C'est le quatrième mode de lecture.

Après avoir parcouru ce livre, on se demande si Roubaud ne s'est pas livré à un jeu grandiose où il mêlait deux de ses passions : la poésie et le go. Le lien reste très hermétique et  plusieurs questions restent ouvertes :

  • Pourquoi avoir choisi cette partie, jouée à handicap et reproduite de façon incomplète.
  • Y-a-t-il vraiment une relation quelconque entre les coups de la partie et le texte, en dehors de la numérotation et de l'étiquetage de chaque texte avec un pion blanc ou un pion noir.

Cherchez bien le 5ème coup sur le diagramme donné en annexe. Ne serait-ce pas un ultime amusement à travers cette référence confuse à "La disparition ", le célèbre roman de son ami Georges Perec ?

 

Curieusement dans mon exemplaire, réédition de la collection Poésie, le coup 157 est de la mauvaise couleur.

Vous pourrez retrouver la partie en question, publiée dans la Go Review d'Avil 1965 et le commentaire traduit ici ou en sgf.

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Dernière mise à jour le 07/12/2020