Sciences et Avenir 25-11-2016
Jeu
de go et intelligence artificielle : la
revanche de l'humain
Par Olivier
Lascar
Le joueur de go professionnel japonais Cho Chikun a battu dans un match en 3 manches le programme d'intelligence artificielle (IA) Deep Zen Go. Un petit raté dans la marche en avant du deep learning (ou apprentissage profond), expliqué par le statisticien Avner Bar-Hen dans son blog "Statistiquement vôtre".
Le
joueur professionnel de go Cho Chikun a
gagné un match contre le programme japonais d'intelligence
artificielle
Deep Zen Go.
© NORIAKI SASAKI/AP/SIPA
La
revanche de l'humain ! En mars 2016, le
programme d'intelligence
artificielle (IA) AlphaGo, de DeepMind, une filiale de Google, avait
battu le
champion coréen de jeu de go Lee Sedol.
Un nouvel affrontement vient redorer le
blason de notre matière grise : au Japon, le joueur professionnel Cho
Chikun a
battu un autre logiciel, conçu dans l'archipel et baptisé Deep Zen
Go. Le
programme d'IA a remporté une manche contre deux pour l'humain, dans
une
bataille neuronale qui s'est achevée le 23 novembre 2013. Bataille
neuronale
certes, car le programme en question fonctionne selon le principe
du deep
learning,
ou apprentissage profond. (Cette discipline provoque de
fait un engouement mondial autour de l'IA, elle est notamment basée sur
des
travaux menés par le Français
Yann LeCun ; voir
à
ce sujet notre article "L'intelligence artificielle fait un bond
fulgurant"
par Arnaud Devillard dans Sciences
et Avenir 838 actuellement
en vente).
En
fait, le deep
learning est
l'héritier
de toute une approche historique dans laquelle l'intelligence
artificielle "essaie
d'imiter les processus
biologiques cérébraux" de
la connexion neuronale, comme
l'explique dans une note de blog le statisticien Avner Bar-Hen
(professeur au
Conservatoire national des arts et métiers). Dans son
texte "Appentissage automatique : le deep learning",
Avner Bar-Hen
montre que "l'idée
de ces outils est de faire de la
classification à partir de variables" et
qu'ils se sont
développés ces dernières années grâce à "l'adjonction
d'une couche de neurones
intermédiaire entre la perception et la décision".
A l'arrivée, un
algorithme capable de choisir par lui-même les
caractéristiques du
jeu qu'il va analyser parmi toutes celles issues d'un flots de data.
C'est ainsi que des programmes d'IA ont appris les
règles du jeu de go, en traitant des données tirées de millions de
positions de
parties réellement jouées. Parions que Deep Zen Go en avalera
quelques
millions d'autres avant le prochain match. Dans un
second article de son blog, "Apprentissage profond et traduction
automatique",
Avner Bar-Hen montre par ailleurs que ces développements
de l'IA et du deep learning peuvent avoir des implications... bien au
delà du
cercle des joueurs de go !
Dernière mise à jour 22/06/2023