Patrick Mérissert champion d'Europe 1976
Jérôme Hubert - Revue Française de Go N°100 – Déc.2002
Ronde : 9 Date : 19-Août-1976 Lieu : Cambridge Noir : Cas Muller 3 Dan Blanc : Patrick Mérissert-Coffinières 4 Dan 3 heures par joueur, byô-yomi 1min Komi : 5 points Résultat : Blanc gagne par abandon D’après un commentaire de Michio Nashiwa 6d publié dans « The 1976 European Go Championship » par Dango Enterprise |
Cas Muller 3 dan Hollande |
Pour la ronde finale, 3 joueurs ont 5 victoires : Goddard, Katscher et Patrick Mérissert. Ces 3 joueurs sont donc favoris pour accéder au titre ; si par hasard ils perdaient tous les trois, il y aurait un play-off entre Diamond et Muller qui se retrouveraient tous deux à 5,5 victoires. Mérissert doit jouer son va-tout sur la vie d'un grand groupe qui n'a pas encore deux yeux. Mais Muller, comme tous les spectateurs, n'a pas vu le tesuji de coupe du coup 126 qui le force à l'abandon. La partie entre Hasibeder et Katscher s'était déjà terminée par la défaite de ce dernier qui perdait ainsi ses chances d'accéder au titre. Restait Tony Goddard qui parvint plus tard à triompher de Rehm et se qualifiait donc pour le play-off avec Patrick. Figure 1 (1 – 44) B4 : Dans cette partie, c'est Patrick qui choisit de jouer deux san-san avec Blanc. Ce fuseki que l'on ne voit que très rarement de nos jours avait à l'époque une certaine popularité. B8 : Fuseki original pour Blanc qui recherche l'équilibre de sa formation du bord Sud B12 : Même si ce coup permet à Noir de jouer un kakari, ce coup est meilleur que 13. Si Blanc joue en "A", Noir sera content de jouer en 12. N13 : Possible aussi en 17 N21 : Excellent coup. L'autre alternative en 43 laisse plus d'aji en 31 |
Figure 1 (1 – 44) B28 : Cette séquence est jôseki. La partie dont le fuseki est à peu près terminé semble assez équilibrée. N29 : Ce coup est discutable. Le saut en "E" est un coup énorme B30 : Excellent coup de Patrick qui montre sa force au moment d'ouvrir le chûban. N33 : Vue la séquence choisie par Noir, ce coup est manifestement aji-keshi et renforce le Blanc sans contre-partie. N41 : Autre possibilité : ne pas laisser le Blanc se connecter en jouant la descente en « F » mais le coup choisi n'est pas mauvais. B44 : Blanc choisit de connecter ses pierres car subir la descente en sente est assez insupportable. Curieusement, bien que Blanc n'ait pas joué de mauvais coup, la partie me semble équilibrée. |
Figure 2 (45 - 126 ) N45 : Sans doute meilleur de jouer en "A" d'après Michio Nashiwa (MN) mais je pencherai plutôt pour 48 N49 : MN pense qu'il est également possible de jouer en 52, coup qui conduit à un combat difficile. B50 : Blanc est content de solidifier son bord. N55 : La politique de moyô de Noir me parait assez cohérente. Blanc est quasiment forcé de lancer ses parachutistes. B56 : Blanc se lance dans une invasion sur laquelle la partie va se décider. N57 : Meilleure résistance à l'invasion blanche. Jouer en 65 laisserait plus de facilité au Blanc B58 : Pas bon. Blanc a peu de chance de succès s'il tente des manœuvres aussi directes. Il doit jouer plus légèrement, comme en 72 N59 : Meilleure en 64. Les pierres 53 et "carré" ne sons pas importantes et il faut mieux sécuriser le centre. N63 : Plus naturel de jouer en "G". Après la séquence qui suit, une pierre en "G" serait meilleure que le coup 63. Noir respecte cependant le proverbe : en cas de double coupe, s'étendre. N71 : Mieux vaut omettre cette échange et jouer directement le bôshi en 73. N73 : Bon coup N87 : Ce coup n'est pas nécessaire. Blanc n'a qu'un oeil de toute façon. N91 : MN pense que cette forme est mauvaise. Le point vital dans cette situation est en "H". N93 : Parait nécessaire compte tenu des possibilités offertes par le coup en 98 B98 : avec ce coup et les suivants, Blanc parvient à détruire une partie du terrain noir en sente. N110 : tesuji classique à la jointure du keima. B118 : Ce coup est peut-être une erreur car il laisse un espoir à Noir qui aurait pu jouer en 120 ; Blanc aurait alors eu plus de mal à s'échapper. Blanc aurait sans doute du suivre le Dia 1. N126 : Superbe tesuji de coupe que Patrick avait parfaitement calculé et dont il se rappelle encore 25 ans après. |
Figure 2 (45 - 126 )
Diagramme 1 Blanc aurait pu suivre cette séquence, qui l'aurait sans doute conduit plus sûrement à la victoire. 8 est forcé à cause du tesuji de coupe utilisé dans la partie. 14 est relativement obligatoire et après 15, Blanc échappe inexorablement à Noir qui doit lui même veiller à sa vie. |
La victoire de Patrick au championnat d’Europe lui permit de découvrir le Japon et le go professionnel mais il décida peu après de mettre un terme à sa carrière de joueur de Go pour s’adonner à d’autres passions. Ses amis l’ont connu tour à tour fanatique de musique irlandaise, troubadour spécialiste de la musique provençale, amateur de sculpture en bois pour la fabrication artisanal de masques de No ou dessinateur de sumi-e. Mais depuis il s’est surtout consacré à son travail d’informaticien ; toujours à la pointe des dernières technologies, il avait y a quelques années lancé pour les progiciels financiers le langage objet de 4ème génération « implicit », portable et compilable à la volée, qui fut en son temps un concurrent du langage le plus à la mode qui trotte que nous connaissons sous le nom de Java. Avant de partir en Septembre pour travailler à Montréal et découvrir un nouveau pays, il travaillait comme directeur technique chez Eliad, fabricant de composants évolués Java pour les industriels du logiciel. Grand amateur de musique classique et d’opéras, il sait aussi se distraire et il n’est pas impossible qu’il revienne un jour affronter les meilleurs au jeu de Go. |
Patrick Mérissert Septembre 2002 |
Dernière mise à jour le 28/12/02