RFG : Alors, que pensez-vous de ce tournoi ?
C'est bien différent de ce que nous imaginions. Il faut dire
que notre perception était fondée, sur ce que nous
avons vu dans Hikaru.
Ici, c'est humain, il n'y a pas de grandes salles avec des centaines
de goban alignés, les gens se connaissent, on n'a pas l'impression
qu'il y a beaucoup d'enjeu. Déjà, lors de nos quelques
visites au club près de chez nous, celui de Lyon, nous avons été très
bien accueillis, malgré notre niveau.
Comment êtes-vous venus au Go, et à Hikaru
?
D'abord, nous nous sommes rencontrés parce que chacun de
nous était attiré par la langue et la culture de
l'autre. Ainsi, c'est moi qui ait fait découvrir les mangas à Yoshiaki
et c'est lui qui m'a fait découvrir le cinéma français.
Nous avons alors voulu exercer une activité professionnelle
qui soit en rapport avec notre passion. Nous avons entrepris de
poser notre candidature auprès des éditeurs français
pour traduire des mangas. Il a fallu insister pendant deux ans
avant d'avoir une première réponse positive.
Qu'avez-vous connu en premier: Hikaru ou le Go ?
Nous nous souvenons très bien de notre première rencontre
avec Hikaru. Nous étions au Japon, nous avons eu la chance
d'être devant la télévision le jour où le
premier épisode de l'anime à été diffusé.
Nous avons adoré tout de suite : dès le lendemain,
nous avions le premier volume du manga. Ensuite, le go est venu
naturellement, nous avons commencé à nous procurer
des dictionnaires de joseki, des livres de problèmes puis,
de retour en France, nous avons cherché sur Internet l'adresse
du club de Lyon et nous y avons fait nos débuts.
Mais vous, Yoshiaki, vous n'aviez pas appris au Japon ?
Mon père jouait au go, dans mou école il y avait
quelques élèves qui jouaient à l'heure du
déjeuner, mais ça ne m'intéressait pas à l'époque, ça
me paraissait très difficile. La situation que j'ai vécue
ressemble beaucoup à celle qui est décrite au début
d 'Hikaru no Go : on met les goban au placard et les anciens
n'apprennent pas à jouer aux jeunes.
Quelles sont les particularités dans la traduction
d'Hikaru no Go ?
C'est une série qui correspond tout à fait à ce
que nous attendons d'un bon manga, un sujet original, un scénario
solide et de très bons dessins. Il y a aussi quelques subtilités
de langage, ainsi le personnage de Saï s'exprime d'une façon
ancienne, un peu précieuse, alors qu'Hikaru parle comme
un gamin impatient et impertinent.
Il a aussi fallu faire des choix, surtout pour le premier volume,
des choses qui vous paraissent simples comme d'utiliser le mot "goban" n'étaient
pas du tout évidentes pour nous au départ Depuis
le début nous avons été aidés sur ces
aspects techniques par des joueurs de go, dont Marie-Claire Chaine.
Nous avons aussi décidé de remplacer "Shindo",
le nom de famille, par "Hikaru" dans la majorité des
situations, puisqu'en japonais on appelle souvent les gens par
leur nom de famille alors qu'en français ce sont les prénoms
qui sont utilisés. |
Vous pensez que le succès d'Hikaru a changé quelque
chose au Japon ?
La série télévisée a elle aussi un succès
considérable, elle bénéficie d'une programmation à la
meilleure heure et d'une très forte audience. Le phénomène
Hikaru a fait l'objet de nombreux articles dans les journaux, la
Nihon Ki-in a enregistré une forte progression des candidatures
de jeunes qui se présentent pour être insei. Pour faire
court, on peut dire que maintenant le jeu de Go est à la mode
au Japon.
Et comment s'exporte Hikaru dans le reste du monde ?
Chinois et Coréens traduisent très vite les nouveaux épisodes.
Quelques semaines maximum après leur sortie au Japon, les
volumes sont disponibles à Séoul et à Hong-Kong.
Sinon, il n'y a que la France qui ait eu droit à sa traduction,
une version allemande devrait sortir à l'automne et il n'y
a toujours pas d'édition prévue en anglais ce qui
nous gêne un peu puisque nous aimerions beaucoup voir la
diffusion de l'anime en France et que, même en matière
de mangas, les chaînes françaises ont tendance à n'acheter
que ce qui a eu du succès aux Etats-Unis.
Avez-vous une idée du nombre d'exemplaires vendus
en France ?
Pour le premier volume, qui en est à sa troisième
impression, il y a déjà eu plus de 10 000 exemplaires
vendus en six mois, ce qui est tout à fait exceptionnel.
Les mangas qui ont atteint ces chiffres de vente en France l'on
souvent fait sur des périodes plus longues. Cet intérêt
n'est pas passé inaperçu au Japon puisque la scénariste,
Yumi Hotta, a écrit un petit mot à l'attention du
public français. Ce message, une grande marque d'estime,
se retrouve uniquement dans le volume un, à partir de la
troisième édition, avis aux collectionneurs.
Que savez-vous des rumeurs sur la fin d'Hikaru ?
L'hebdomadaire Jump, qui effectue la pré-publication d'Hikaru
depuis le début a annoncé que le 189ème chapitre,
paru fin avril serait le dernier. D'un autre côté les
auteurs ont annoncé la sortie prochaine d'un "one-shot" (livre
mettant en scène les mêmes personnages mais ne s'insérant
pas dans la continuité de la série). On ne sait donc
pas s'il s'agit d'une pause ou d'un arrêt définitif.
Pour les auteurs, cela représente une charge de travail
très importante, vingt pages par semaine depuis plus de
trois ans.
Et que vous a apporté le fait de traduire Hikaru no Go ?
Avant tout, la rencontre avec le Go. Non pas que nous soyons de
bons joueurs, mais cela nous plaît vraiment.
Alors, à quand votre premier tournoi, en tant que participants ?
L'année prochaine (rires). |