Cyber teams : la nouvelle génération
Le go sur Internet est en plein
développement. Le serveur KGS compte beaucoup de joueurs francophones :
souvent plus de 250 utilisateurs connectés dans la salle française en
soirée. En sus de cette salle, KGS en compte d'autres où on parle
français : la Chaîne de commentaires qui propose un système où tout
joueur peut commenter une partie et être commenté ou des salles
éphémères (en juin, on a vu la naissance de la salle "Euro 2004" qui a
permis d'évacuer la conversation tournant autour du football de la
salle française, où elle devenait par trop envahissante). On peut voir
des salles à vocation pédagogiques (Tsumegokoz où l'on discute des
cours de tsumego du soir donnés en salle française...) ainsi que
beaucoup de salles de clubs pré-existants, ce qui permet aux nouveaux
joueurs de trouver rapidement le club le plus proche de chez eux.
La nouvelle génération est là. Sur internet. Un peu immatérielle, un peu loin de nos clubs traditionnels et de la Fédération, mais bien connectée. Esthétique manga, noms japonisants qui évoquent Hikaru no go, extraits de la bande dessinée, la filiation des cyber teams qui ont éclos récemment, n'est pas difficile à établir. Après avoir lu le manga (ou en même temps), ces jeunes joueurs ont découvert le go sur internet en pianotant naturellement sur leur moteur de recherche. A fréquenter les serveurs de jeu, KGS principalement, ils se sont regroupés, quelque que soit leur origine géographique sans des "salles" à part. Pour moins se sentir seuls, sans doute, et pour progresser ensemble face à tous ces vieux joueurs expérimentés et licenciés à la FFG.
Il existe plus d'une dizaine de ces petits cyber groupes plus ou moins informels. Les plus importants s'appelles Team Opak, Yugen no Ma, ou Maa no Jutsu. Elles comptent chacune plusieurs dizaines de membres. Pour la FFG, préoccupée par son "développement", il s'agit d'un phénomène à ne pas manquer. Forums de discussion, cours de go pour les débutants, problèmes et joseki, les teams offrent une palette de ressources à ses membres. Mais à voir leurs sites sur internet, c'est la FFG qui aurait à prendre des conseils après d'eux pour améliorer le sien.
KGS offre la possibilité de créer "presque librement une salle particulière", explique Toru Imamura, 5e dan, administrateur du site. "Cela a permis l'éclosion des salles de toutes les sortes. Alors les jeunes de KGS ont inventé le concept des teams qui tiennent lieu des clubs, dans un sens, poursuit-il. La grande différence entre les teams et les clubs, c'est qu'on peut très bien appartenir à plusieurs teams : pas de cotisation, pas de date précise des réunions, c'est plus souple que les clubs".
Toru Imamura "parraine" en quelque sorte la Team Opak. "En fait, je n'étais pas du tout pour l'idée de la création des cyber-clubs au début, raconte-t-il. Je craignais que cela entraîne une certaine désertification des clubs. Cependant, vu le déferlement des jeunes sur KGS, j'ai changé d'avis. Si on ne s'occupait pas d'eux, une occasion historique pour le go français aurait été perdue". La team a donc intégré la ligue du Nord. Il s'agit du premier cyber club FFG. A voir cette évolution, les clubs traditionnels n'ont pas à craindre cette concurrence électronique.
(source : RFG n°107, octobre 2004, p.25)
Revue Française de Go N° 107
Dernière mise à jour le 21/04/22