INTERVIEW de Pierre LUSSON

 

JH : Pierre Lusson, merci de me recevoir dans votre appartement parisien en ce 1er juin 2009. Vous aviez fondé, il y a 40 ans, avec quelques amis le premier club de go en France. Vous rappelez vous des circonstances de cet anniversaire ?

PL : Avec Jacques Roubaud, un de mes amis de longue date, nous nous étions initiés au jeu de go, en particulier auprès du professeur Chevalley. Celui-ci était un mathématicien du groupe Bourbaki, qui avait appris le jeu en rencontrant des mathématiciens japonais. Tous les mathématiciens japonais ne jouent-ils pas au go ?
Luc Thanassecos qui avait une boutique dans le quartier Latin nous a proposé son arrière boutique et c'est là que nous avons installé 3,4 jeux et fondé le premier club. Luc a fait fabriquer des jeux et des pions en plastiques. J'ai moi-même contribué aux démarches pour créer une association de loi 1901, et ce fut la première Association Française de go.

 

Pierre Lusson me dédicace le petit traité : un homme se tourne vers son passé.


JH : Comment avez vous appris à jouer et à partir de quelle années ?

PL :Chevalley nous battait facilement lors de parties que nous avons jouées avec lui. Il ne donnait que très peu de conseils mais il nous a prêté des ouvrages de go et en particulier les fameuses Go-Review éditées par la Nihon-Kiin. Même si on n'y trouvait pas les règles, elles étaient riches et nous les avons bien étudiées.
J'ai fait le pari avec Roubaud que nous réussirions à propager le jeu de Go en France. Nous avons eu l'occasion de rédiger en moins d'un mois le petit traité invitant à la découverte de l'art subtil du go. Nous étions hébergé au moulin d'Andé où Perec avait ses entrées et ce fut un moment très agréable. C'est l'éditeur Christian Bourgois qui nous a aidé dans cette entreprise.

JH : Professeur de mathématiques à la retraite de l'université de Paris 6, vous semblez avoir recommencé à jouer. Avez vous retrouvé le jeu avec plaisir ?

PL : J'ai un petit-fils de 12 ans, Augustin, qui semble s'intéresser au go. Malheureusement, il habite Poitiers. Je voudrais bien jouer avec lui et l'initier mais je ne sais pas trop comment faire. Il faut que je comprenne comment utiliser KGS que j'ai installé sur mon ordinateur Macintosh. Pour l'instant, je fais des parties avec le logiciel Goban contre Gnu-go et il a tendance à me battre mais seulement de 25 points.

JH : Avez vous conservé des photos ou des documents sur le go ?

PL :Non j'ai tout donné à mon fils Matthieu quand il s'est intéressé au jeu. Il est arrivé environ 3e kyû.

JH : A l'époque du "petit traité", vous sembliez être intéressé par la culture japonaise et par le Japon. est-ce toujours le cas ?

PL : En fait seul Roubaud était tatamisé. Il s'intéressait aux poèmes Japonais et avait traduit en Français (depuis l'anglais) plusieurs ouvrages anciens. Pour ma part, ce n'est que plus tard que j'ai fait connaissance avec la culture japonaise avec ma belle fille, qui est professeur de viole de gambe au conservatoire d'Angoulême. En fait je me suis plus intéressé dans ma vie à la musique et aux rythmes qu'au go. J'ai recommencé à jouer de l'orgue.

JH : A quelle force êtes vous parvenu ? Avez vous joué avec des joueurs forts ?

PL : Nous avons rencontré Maître Lim en 1969 et nous avons joué avec lui. Il est devenu notre professeur. Il souhaitait rester en France et nous l'avons aidé financièrement en échange de son enseignement.

JH : Jacques Roubaud est un de vos amis. Vous arrive-t-il de jouer encore avec lui ?

PL : Jacques est un grand magicien des mots et un poète remarquable, disciple de Queneau. Il a en particulier écrit "Appartient à" , un livre de poèmes qui est structuré sur une partie de go. Nous avons été amis pendant plus de 40 ans mais dernièrement, je ne le vois plus.

JH : Avez vous participé au stage de go de l'été 1969 au moulin d'Andé, indiqué dans le petit traité ?

PL : Je ne m'en rappelle plus. En fait j'ai arrêté de jouer assez rapidement. Feldmann et Merissert passait presque toutes leurs journées à jouer et ils ont fait de gros progrès mais humainement ils ne m'ont pas laissé un excellent souvenir. J'ai arrêté de jouer lorsque le club a déménagé pour s'installer dans un café du 6e arrondissement, le Trait d'Union.

JH : Vous semblez vous intéresser aux progrès des ordinateurs et en particulier au programme MOGO.

PL : J'ai entendu une conférence fort intéressante sur MOGO à la radio, il y a moins de 6 mois. Je n'ai pas encore eu l'occasion de l'essayer car je ne sais pas bien comment l'installer.

JH : Effectivement, MOGO est un moteur et il faut une interface. Drago est une bonne interface sur PC mais je ne sais pas s'il en existe une pour Mac. Je vais me renseigner.
 

Dernière mise à jour le 27/10/13

Retour Go