Voyage de l'ambassade de la compagnie des indes orientales Hollandaises vers l'empereur de Chine en 1794 et 1795
Tiré du journal d'André Everard Van-Braam Houckgeest
Ayant lu dans une Go-World qu'un ambassadeur hollandais avait écrit une description du jeu de weiqi à la fin du 18e siècle, je décidais de profiter d'une journée de liberté(sans doute un de ces fameux jour de RTT que nous accordait mon employeur), ce Vendredi 18 Janvier 2002 pour aller consulter son livre à la BNF.
Ayant consulté le catalogue, l'ouvrage en question était indiqué comme existant en trois exemplaires, je décidais de me rendre à la BNF cet après-midi là et m'y retrouvait vers 14h. A la BNF, on ne consulte pas tous les ouvrages très facilement. Il me fallut d'abord obtenir une carte de "chercheur" après avoir exposé mon sujet de recherche à une bibliothécaire. Après une bonne demi-heure d'attente, j'obtenais mon sésame sous la forme d'une carte plastique jaune indiquant mon nom et munie de ma photo d'identité.
Je commence d'abord par devoir laisser mon sac au vestiaire et muni d'un cahier, de mon appareil photo numérique et de quelques affaires, je pénètre alors dans cette partie immense qu'est la salle de lecture qui concerne en particulier mon domaine de ce jour, l'histoire.
Une nouvelle recherche dans les catalogues s'avère peu fructueuse mais aidée par une employée, je comprend que le seul exemplaire vraiment disponible se trouve à la réserve. Je commande le livre et je me dirige vers la réserve, où se trouvent les parchemins et les vieux livres. Il me faut de nouveau abandonner mes affaires à la consigne et je garde cette fois-ci uniquement un cahier et un crayon à papier.
Après une bonne demi-heure d'attente, on m'annonce mon livre que l'on m'installe dans une sorte de pupitre afin de ne pas casser la reliure.
Il me reste une heure avant la fermeture pour feuilleter l'ouvrage. Hélas le conservateur, auquel j'avait demandé si je pouvais prendre des photos (sans flash), me l'interdit avec la plus grande fermeté et je devrais donc me contenter de prendre quelques notes dans mon précieux cahier.
L'ouvrage
que j'ai consulté est en français et a été publié par un certain
Moreau de Saint-Méry en 1798 à Philadelphie. Il y a une dédicace à son
excellence Georges Washington, président des Etats-Unis d’Amérique.
L'ouvrage raconte le voyage
effectué de Canton à Pékin :
Les 2 tomes sont en fait reliés dans un seul livre et la table des matières, à la fin du Tome 2, m'indique la page 342 pour une référence aux jeux. |
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Je crois ne pas pouvoir mieux terminer cet ouvrage que par une courte notice des différents jeux en usage parmi les Chinois.
Le premier, comme le plus raffiné, se nomme Ouay-Ki. C’est
une espèce de jeu de guerre dont l’objet est d’investir & de conquérir
un pays. On le joue avec des petites pierres circulaires & plates, de deux
couleurs, ordinairement noires & blanches, au nombre de cent quatre-vingt de
chaque couleur qu’on pose sur un damier en papier & ou les compartiments
coloriés se croisent.
Ce jeu est tellement difficile,
qu’on m’a assuré qu’il n’avait point existé de personne qui l’ait
joué avec toute la perfection dont il est susceptible. Il serait trop long et
trop difficultueux d’en citer les règles. On les trouve dans un livre imprimé
de la Chine, que je possède avec des instructions très claires sur sa marche.
Il exige encore plus de science et d’attention que les échecs. C’est le jeu
favori des savans & des hommes d’état.
Le second jeu se nomme
Tchi-an-khii. C’est le véritable jeu d’échecs introduit chez les chinois,
depuis au moins quatre cens ans, par un Tai-tocq ou Général des troupes qui
s’appelait Long-kin-tche-quam-tie-lie
3ème jeu :
Tu-quat-phay. Il est exactement conforme à notre jeu de dames.
Le jeu de cartes : 30
cartes…
Né en 1739 dans la province d’Utrecht en Hollande, Van Braam s’installe aux Etats-Unis. En 1783, il devient commerçant et fermier d’une plantation de riz et se fera naturalisé citoyen américain en 1784. Suite à un accident climatique, il perd ses 4 enfants ; mal conseillé par un soi-disant ami, il perd également sa fortune.
Un de ses frères lui propose de participer à une ambassade vers Pékin en tant que second de Isaac Titsing. Ils partiront de Quang-tcheou-fou le 22/11/1794 pour arriver à Pe-King (Chun-ting-fou) le 9 Janvier 1795. Après un séjour de plus d’un mois, ils rentrent le 9 Février 1795 pour arriver le 10 Mai 1795 à Quang-tong (Canton)
Il retourne aux Etats-Unis et arrive à Philadelphie le 24 Avril 1796. Il va habiter une maison qui sera appelée « The China Hall » et qu’il appellera lui-même sa retraite chinoise. Deux ans après il vendit sa maison |
Son journal en 2 volumes initialement en Hollandais, sera traduit par Moreau de Saint-Mery en français.
Il y a plusieurs édition en français :
- la première de Philadelphie
- la seconde de Strasbourg (Editions Gamery, Levrault)
En 1799, sa collection fut mise aux enchères chez Christie’s. D’après le catalogue de la vente, il possédait un ouvrage imprimé sur le jeu de « Whey Ky » avec un plateau de jeu et deux bols.
L’inventaire
contenait :
A printed treatise of the game of Whey Ky, with scheme of the board and
two bowls with men for playing the game
Dernière mise à jour le 29/11/12