Petit traité invitant à la découverte de l’art subtil du go

Pierre Lusson, Georges Perec, Jacques Roubaud

 © Christian Bourgois, 1969

 

0.1  Nippo Ludens…

Dans le chapitre 3 du Genji Monogatari de Murasaki Shikibu, roman japonais écrit aux environs de l’an mil par une femme, et l’un des chefs-d’œuvre de la littérature mondiale, le héros, l’éblouissant prince Genji, amoureux de la belle Utsusemi, épouse du gouverneur de province Yo No Kami, s’est introduit en fraude dans les appartements de celle-ci avec la complicité du jeune frère d’Utsusemi. Caché derrière une tenture, il épie Utsusemi et son amie Nokiba No Ogi absorbées dans une partie acharnée de GO. Le Genji Monogatari Emaki (rouleau peint), qui illustre quelques scènes du livre, nous permet d’apercevoir nous aussi, à partir d’un point situé à peu près sur le toit de la pièce ( supposé enlevé comme dans le Diable boiteux), Genji, Utsusemi, Nokiba, et les quelques pierres blanches et noires qui témoignent de l’état de la partie.

Ainsi à une époque à peu près contemporaine des incidents de frontière améliorés par la Chanson de Roland, les courtisans et les dames de HeianKyo, l’actuelle Kyôto, la « capitale de la paix », préféraient livrer bataille d’une manière plus allusive.

 

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Dernière mise à jour le 29/11/12